Mont-Blanc par l'éperon de la Tournette 12-14/07/2003

Ce petit résumé sera très subjectif, c'était mon premier Mont-Blanc, l'émotion prend le dessus.
Le Mont-Blanc, le toit de l'Europe(enfin selon les limites géographique choisi pour ce continent), c'est tout un mythe pour l'alpinisme amateur. Ce n'est évidemment pas le sommet le plus difficile ni le plus beau. La foule qui se presse pour conquérir cette montagne est en contradiction avec la recherche de calme et de solitude de l'alpiniste puriste. Il n'empêche il faut l'avoir fait au moins une fois. Beco et Fred sont donc motivés pour rejoindre la cohorte de touriste à l'assaut du " Grand-Blanc ". Yed est d'accord pour les emmener mais, ayant déjà fait trois classiques pour atteindre le sommet, il propose de faire un peu plus dur (Yed il est comme ça, toujours très confiant). Seb accepte de venir faire le guide, mais est un peu moins optimiste et ne veux pas faire parti d'une cordée de trois dont deux débutants. ça tombe bien on est 4 (Seb/Fred et Yed/Beco) !.

La course : Le Mont-Blanc par l'éperon de la Tournette.
Ça ce passe coté italien Départ au pied du glacier du Miage 1600m, Bivouac à 3400 au refuge Quinto Sella, puis ascension par l'éperon de la Tournette pour arriver sur l'arrête du Mont Blanc, à 4700m, qui nous emmène au sommet, à 4810m.


Le récit :


Vendredi 11
Nous arrivons, dans la nuit, à Combloux chez " Mickey "(mamie de Yed) où nous passons une courte nuit.


Samedi 12
Préparation des sacs, il ne faut rien oublier !!. Papa Yed essaie encore de dissuader Yed d'emprunter cette voie, mais la décision est prise.
Nous arrivons en milieu de matinée au point de départ, on enfile les " Grosses ", ajuste les sac à dos et c'est parti…
Notre chemin suis, un moment, le sentier du tour du Mont-Blanc, il y a donc beaucoup de monde, la plupart en baskets. Après 1/2h nous mettons le pied sur le glacier du Miage, enfin sur le tas de cailloux qui le recouvre. Les 2h qui suivent sont assez monotones, chacun essayant d'optimiser au mieux sa trajectoire pour éviter du dénivelé superflu.
Nous arrivons enfin au niveau du glacier du Mont-Blanc, un vrai glacier quoi !, sans cailloux dessus et tout crevassé. Nous mangeons rapidement avant d'attaquer cette partie plus délicate. Seb décide de prendre par le centre, plus raide et plus crevassé, en raison de chutes continuelles de pierres sur le coté. Il y a 400m de dénivelé à faire sur ce glacier, il nous faudra entre 2 et 3 heures pour les parcourir. Le chemin, à travers les crevasses est très dur à trouver, certains passages délicats nécessitent l'usage de deux piolets. Les 400 derniers mètres pour accéder au refuge sont en rocher(pierrier, puis petite escalade). Nous sommes pressés d'arriver en haut, le rythme ne plait pas trop à Beco qui cale un peu.
Nous arrivons tous au refuge après 7-8h de marche, Il y a trois Italiens avec nous. Repos, Repas, Dodo, quelques photos aussi.

Dimanche 13.
Nous nous levons vers 4h les Italiens sont déjà partis nous serons seuls toute la journées. Le moral des troupes est bon, Beco est de nouveau en forme.
Nous remettons le pied sur le glacier du Mont-Blanc pour 200-300m de dénivelé. Encore une fois, la traversé est très difficile, Seb guide les deux cordées avec un maximum de sécurité.
Je me rappelle d'un passage de crevasses, ou debout sur bloc de glace suspendu, je devais franchir une marche d'un mètre de haut, la corde coincée 10m à gauche me promettait une jolie chute si le pont de glace cédait. Je n'arrivais pas à planter mes piolets sur l'autre rive la glace partant en feuillets.
Ceci passé nous sommes arrivés dans un grand cirque glacière juste au pied de l'éperon de la Tournette. Encore la rimaye à passer, 3-4 m de neige dure, verticale voir surplombante, en second pas trop de problèmes ;). Nous voilà presque sur la partie rocheuse que l'on ne quittera pas pendant 900m. Et c'est l'accident.
Alors que je traverse avec Seb en tête un couloir de neige d'environ 50 m de large, des pierres dévalent le couloir. Seb presque sorti du couloir me demande de courir pour me mettre à l'abris et ne pas laisser la corde tendu, qui risquerait de se faire couper par un caillou. Moi j'aurais préférer reculer…mais bon pas le choix. Je commence donc à courir, aussi vite que l'on peu courir en crampons dans une pente bien raide, arrivé au milieu du couloir une nouvelle grappe de cailloux dévale la pente. J'essais de les éviter, j'entends le sifflement des pierres passant près de moi, l'une d'entres elles, de la taille du poing, me heurte au niveau du mollet. J'ai été littéralement fauché je me retrouve couché dans le couloir, je ne suis pas partie en glissade c'est déjà ça ! La douleur est remontée jusque dans le haut de la jambe, j'ai l'impression d'avoir le tibia en miette. Mais il faut repartir pour atteindre une zone plus sûr, je cours-clopines jusqu'à Seb qui me hisse en lieu sûr. Bilan un gros ématôme mais les articulations semblent fonctionner normalement. Je vais continuer, de toute façon je ne veux pas rater le sommet.
Yed et Beco prennent un autre itinéraire pour passer très peu de temps dans le couloir ou passe encore de temps en temps des pierres. Fred soigné avec les moyens du bord repart avec Seb. La grimpe n'est pas très dure (3 peut être un peu de 4 sur 1 jambe je ne peux guère juger),mais le rocher est pourri, on réduit donc au max la longueur de la corde pour ne pas se jeter des pierres. On grimpe lentement l'altitude se fait un peu sentir, Fred ne vas plus très vite et Beco débute en escalade. C'est l'enfer à chaque fois que je pose le pied la jambe plie toute seule, je tire comme une mule avec les bras et j'essais d'oublier la douleur.
On s'arrête pour manger juste avant de rejoindre une partie en neige. Ça fait du bien de se reposer un peu.
Comme d'hab Seb ouvre la voie en creusant des marches dans la neige et nous conduit sur l'arrête du Mont-Blanc pour la première fois de la journée nous voyons du monde. Les 100 derniers mètres ne sont plus qu'une formalité, Fred voyant le sommet courent presque mais Seb commence à être fatigué de sa journée en tête et ne peut plus trop accélérer.
Enfin après 11h...le sommet, les montagnes alentours paraissent toutes petites, comme écrasées. Séance photos, congratulations mutuel de Beco et Fred pour leur première. Place à la descente.
Qui aurait pu, dans des conditions normales, n'être qu'une formalité. Mais l'arrêt au sommet n'a pas été bénéfique pour mon mollet, les chocs lors de la descente des marches creusées par de nombreux alpinistes sont trop violents. Je choisis donc de quitter le fil de l'arrête pour me laisser plus ou moins glisser dans la neige ramollie. Seb veillant à enrailler tout début de glissade. La marche jusqu'à Vallot, pourtant très près et facile est un véritable calvaire. Je serre les dents et me concentre sur mon objectif.
Arrivé à Vallot, le groupe propose une halte afin de choisir une option pour la suite. Les choix sont :
-1)Deux personnes retourne en Italie prendre la voiture , Fred redescend avec la 3ième par le goûter.
-2)Tout le monde dors à Vallot est on voit demain
-3)Fred part en hélico et les autres redescende par les aiguilles grises.
Fred n'est même plus capable de faire un pas, un médecin présent n'exclu pas une fracture du péroné et précise que demain ça ne pourra qu'être pire. Fred ne se sent vraiment pas en mesure de redescendre aujourd'hui l'option hélico est donc choisi.
C'est en fin de journée que l'hélico arrive, se pose après 6-7 essais et embarque Fred pour Chamonix.
Bilant, rien de cassé mais 3 semaines sans pourvoir marcher, la jambe à l'horizontale pour évacuer le sang.
Beco, Seb et Yed restés à Vallot se préparent à passer une nuit de plus en altitude avec des rations alimentaires assez réduite.


Lundi 14 (Par Yed)

La nuit à 4300m s'est bien passée. Nous nous réveillons avec le soleil et les premiers alpinistes arrivant du Goûter. Nous ne résistons pas à l'envie de faire le Dôme du Goûter (un 4000 de plus) en passant. La descente se déroule bien sur l'arête. Quand nous posons le pied sur le glacier du Dôme, ça se corse. Il faut trouver son chemin parmis les séracs et les crevasses, c'est assez impressionnant, nous nous sentons très petits. A Gonella, fini le stress, la descente est encore longue, mais en sécurité. Nous nous y arrêtons et Seb nous paie un bière fraîche (à 10h le matin !). La voiture est rejointe sans encombre et nous regagnons Combloux où nous retrouvons Fred.

Merci à Yed de m'avoir proposé cette course
à Seb de m'avoir guidé jusqu'au sommet.
A la famille Douvier pour s'être occupé du blessé
Au secours du PGHM de venir chercher une personne qui à un gros bleu au mollet.

Texte: Fred,Yed.
Photos: Beco, Seb, Yed, Fred

Voir les photos de la sortie