Vacances de Pâques 2003: escalade dans le Sud et ski de randonnée à Chamonix

Samedi 26 avril:

Le ciel étoilé de la veille a prédit une magnifique journée ensoleillée...Résultat: vent et nuages menaçants. Mais rien ne nous arrête et les sept nains..., heu mercenaires préparent les cordées: une cordée en flèche menée par Seb suivi des deux novices, Magali et moi-même, une cordée de fracassés composée de Yed et Fred, et une dernière de Katia et Shef. Après une courte marche d'approche dans la garrigue provençale, nous voilà au pied de la paroi Sainte-Victoire (400 mètres). Et à chaque cordée son départ. Je ne sais pas si la cause est le fait que ce soit ma première fois en grande voie, mais le plaisir et les sensations apparaissent rapidement. L'escalade est variée, alternant passages plus "marchés" et sécurisants à des longueurs plus engagées et vertigineuses. De temps à autre, on aperçoit au loin des casques familiers ou on perçoit des échos de voix connues: tout va bien, toutes les cordées avancent. La preuve en est notre pause casse-crôute à l'abrit du vent qui nous réunit tous. Puis chacun repart terminer la voie qui nous conduit au sommet...et au pied d'une croix (Mais qu'est-ce qu'elle fout là celle-là?) apportant une grande sensation de bien-être...et de fierté. Mais les nuages de plus en plus menaçants qui nous ont jusque là épargnés nous accompagnent pendant toute la marche de retour et éclatent...quand nous arrivons au parking (c'est ce qui s'appelle avoir le (censuré) bordé de nouilles!) Enfin, ce ne sont pas quelques gouttes de pluie qui vont nous empêcher de clore la journée par un petit tour au café du village! On R'met ça?
[Claire]

Dimanche 27 avril:

Oh! Il fait beau!
Etant accompagnée de scientifiques, j'ai pu assister à une nouvelle répartition totalement organisée des cordées. On change les données, on modifie les configurations, et on obtient de nouveaux résultats: la cordée en flèche se compose désormais de Magali, Shef et Yed; la cordée de fracassés de Seb et Fred; et enfin la dernière de Katia et moi.
Encore une fois, chaque cordée s'engage dans la voie du Signal, avec un départ différent. Dès le début, l'ascention s'avère plus difficile que la veille avec une évolution plus verticale et un vent très fort. Mais rien ne nous arrêtant, les trois groupes se retrouvent à nouveau plus loin dans la paroi pous un déjeuner montagnard comme on les aime: pain, saucisson et fromage...mais, où il est le litron?
Certes, je pourrais raconter que Katia et moi sommes arrivées un peu en retard ("Mais où elle est cette p... de voie?" "heu... je crois que j'ai laissé tomber le topo..."), mais c'est sans grand intérêt. (Dis, tu crois pas que le litron, ils l'on bu en nous attendant?)
Puis, Seb et Fred s'élancent dans la seconde partie qui semble alors beaucoup moins bien équipée. On décide donc de faire suivre les trois cordées. Et comme la veille, les sensations sont présentes: juchée sur une arête, du vide de chaque coté et un vent qui fouette le visage...que de souvenirs! Petit passage en 5b+, 5c+ vers la fin dans un dièdre avec relai suspendu (vous savez, ces relaisqui vous permettent de connaitre les autres grimpeurs de manière plus intime), et c'est enfin le sommet de la voie qui s'annonce à nous avec le coucher du soleil...
Le coucher du soleil? Oups! Le train pour certains non-vacanciers qui devaient rentrer le dimanche soir va partir sans nous. Alors on décide d'envoyer deux "volontaires" (Seb et moi-même) pour partir en avance, en attendant la dernière cordée, pour commencer le rangement du camping. Commence alors mon baptême de Vallaterie: Seb décidant de prendre un chemin plus rapide, donc plus direct pour redescendre, j'ai droit à une revisite de l'Odyssée d'Ulysse: remplacez le cyclope par un chien féroce, les nymphes par les falaises, et un matériel réduit à son minimum (Seb pourra vous parler du confort d'un baudrier fait de sangles), et le chant des sirènes par un footing dans le maquis provencal ( et pour les plus sceptiques, je peux montrer mes mollets qui portent encore la trace de cette folle traversée!). Bref, tout ça pour arriver après la tombée de la nuit, largement devancés par Yed et Fred qui redescendirent en courant... et pour finallement manquer le train!
[Claire]

Seb, Magali, Claire et Shef rentrent dimanche soir alors que Fred, Katia et Yed se sont dirigés vers les Calanques.

Lundi matin, réveil frisquet au camping de la cigale à Cassis. Au programme: shopping pour subvenir à nos besoins alimentaires du jour (autrement dit: pain), ainsi qu'un topo des Calanques.
Puis, après concertation, départ pour Castelviel en vue d'une petite voie en traversée au dessus de la mer, facile, histoire de se reposer un peu.
Courte marche d'approche, dans un cadre magnifique, cependant avec un léger dénivelé pas tout à fait du goût de tout le monde. (bon d'accord, j'ai ralé, mais j'avais pas récupéré du week-end). Départ de la traversée de Castevieil, dite "Ramond", par le "trou du canon". Yed part en tête, avec Fred et moi en flèche. Les quelques longueurs s'enchainent sans difficulté, sur une petite vire au dessus de l'eau. La voie se termine par deux longueurs en 4b : après quelques essais infructueux de Yed, nous nous sommes rendus compte que nous avions prolongé la traversée, et que Yed s'engageait dans un 6b! (ouf, Yed ça va, l'honneur est sauf).
Nous avons donc terminé par nos longeurs de 4b tout à fait à notre portée, quelque peu patinées toutefois.
Retour par le même chemin (et donc le même dénivelé), et petite trempette dans la mer, un peu fraiche...Fred est resté hors de l'eau, celle-ci étant trop salée, pas assez agitée, trop froide, et surtout trop mouillée à son goût.
A la fin de la journée, direction le Verdon, avec comme d'habitude plantage de tente de nuit, à la frontale. (on devient spécialistes)
[Katia]

Le lendemain matin, après avoir trouvé un topo, nous sommes parti pour "Afin que nul ne meure". Katia est partie en tête dans ces 150m de 5 soutenu. Les points sont éloignés. Bravo Katia, surtout pour le pas de 6a qui finit la voie. N'en ayant pas assez, et Katia ne parlant que de cela, nous avons fait en moulinette "Wide is love". Un beau petit 6a aérien.

Mercredi, nous sommes tentés par Monier que je dois faire en tête. Le temps nous est compté car nous devons être à Grenoble assez tôt. Or la voie nous échappe, elle se cache. Nous finissons par trouver des points qui détermine la fin d'une voie. Nous faisons la dernière longueur en moulinette : il s'agissait bien de la voie que nous cherchions !
[Yed]

Envi de grandeur, envi de splendeur… Cap vers la haute montagne !
La communauté, réduite à deux personnes après le départ de Katia, partie affronter, non pas les ténèbres de Mordor, mais les cimes blanches du massif du mont blanc.
Nous partons donc de Grenoble à l’aube pour rejoindre Chamonix. Première étape : location de matériel de ski de rando pour Fred. Après un détour par la maison de la montagne pour connaître le temps a venir et un retour à la voiture parce que Fred n’était pas sûr de l’avoir fermée, nous avons pu louer le matos. Des skis de rando, des peaux (le machin chose que l’on colle sous les skis pour ne pas reculer), des couteaux (des crampons pour skis). Sacs, nourritures, piolet, crampons, forfait pour les Grands Montets, nous voilà à 3000 et quelques mètres de glace près.
Après un petite descente, histoire de se mettre en jambe et de retrouver ou découvrir les sensations du ski de rando, nous attaquâmes, bon train, le col du Chardonnet. Même pas mi-chemin et une avalanche plus tard, Fred leva le pied. Visiblement beaucoup trop fatigué pour continuer à ce rythme. Le sommet enfin !! Une petite pause et c’est reparti pour affronter la fenêtre de Saleina et le col supérieur du Tour. Rien de particulier… Si, peut être, un bon stage de conversion dans le premier col. La randonnée s’est terminée par une jolie descente vers le refuge Albert 1er où nous sommes arrivés après quelques hésitations du guide sur le chemin à prendre.
La soirée fut sans histoire, l’eau fondante du toit était bonne, le repas (purée/knack), menu unique depuis 4 jours, bien apprécié après les efforts de la journée. A noter quand même : passer une soirée et une nuit dans des vêtements mouillés c’est moyen bof.
Le lendemain on avait prévu de faire le couloir de la table, nous nous levâmes donc à 4 heures. Après une jolie balade à ski, sur de la neige dure juste comme il faut, on a attaqué le couloir, crampons aux pieds et skis sur le dos. La neige trop dure et trop bosselée nous ôta l’envie de redescendre, en skis, par le même endroit. C’est donc encore les skis sur le dos que l’on a traversé les arêtes du Tour. Du 3 en crampons avec des lattes sur le sac à dos ce n’est pas de tout repos, merci Yed ! La descente, du col supérieur du Tour jusqu’au village du même nom, s’est faite dans une neige de plus en plus transformée et de moins en moins présente. Après moult zigzags on est quand même arrivé skis aux pieds à quelques centaines de mètres du village. Enfin, pour terminer la boucle, nous avons fait le chemin jusqu’aux Grand Montets à pieds (Franchement ce n’était pas nécessaire, ni très intéressant).
[Fred]

Texte : Claire, Katia, Fred, Yed
Photos : Claire, Katia, Shef, Yed et Fred

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